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l’édito de la saison

Émilie Capliez et Matthieu Cruciani © Jean-Louis Fernandez
Émilie Capliez et Matthieu Cruciani © Jean-Louis Fernandez

un voyage extraordinaire

La saison débute par un très beau coup de projecteur mis sur les artistes associé·es de la Comédie. Une volonté de votre part ?

Émilie Capliez & Matthieu Cruciani : Oui. C’est enthousiasmant. Un théâtre dirigé par des artistes doit être le théâtre de plusieurs artistes. Un Centre dramatique national n’a pas de plus belle raison d’être : rêver, bâtir, créer du théâtre neuf de façon collective. Nous avons un outil, des équipes, des publics et des savoir-faire à partager, notamment avec nos artistes associé·es. Dans cette période particulièrement difficile pour les équipes artistiques, il nous a semblé essentiel de pouvoir renforcer leur présence et d’ouvrir la saison avec leurs créations. L’automne sera donc placé sous le signe de la création, résolument, avec pas moins de quatre spectacles en répétitions dans nos murs. Nous continuons ainsi à mettre tous les moyens et l’énergie dont nous disposons pour qu’il se crée à Colmar un théâtre de joie, de générosité et d’intelligence.

Vous donnez d’ailleurs encore plus de place à l’émergence artistique, notamment en resserrant les liens avec les différents partenaires de Scène d’automne en Alsace !

É.C. & M.C. Il est important que soient représentées dans notre programme différentes esthétiques, mais aussi différentes générations de créateurs et de créatrices. Aux côtés d’artistes reconnu·es, pouvoir démontrer l’extraordinaire vitalité de la jeune création est passionnant. Un accent particulier est mis sur cette jeunesse effervescente, avec l’omniprésence de notre jeune troupe, bien sûr, mais aussi en accueillant les créations de Camille Dagen, Maurin Ollès, Youssouf Abi-ayad ou encore Natacha Steck et Suzanne de Baecque. Scènes d’automne en Alsace est en effet un des temps forts qui exprime cette motivation à laisser éclore de nouveaux talents. C’est enfin une manière de garder un espoir commun, en continuant à travailler pour l’avenir, liant celui des artistes à celui des publics.

Qu’est-ce qui a guidé cette nouvelle saison ? Des sentiments, des désirs, des objectifs ?

É.C. & M.C. Tout d’abord, une ambition nouvelle pour notre programme de création de théâtre musical. Avec Le Château des Carpathes, nouvelle mise en scène d’Émilie Capliez, nous verrons pour la première fois un spectacle créé avec trois musicien·nes en direct. Et les trois nouveaux interprètes de notre jeune troupe sont également musicien·nes. Faire le mur, de Maëlle Dequiedt, s’inscrira également dans cette volonté esthétique forte. Par ailleurs, nous avons souhaité soutenir de nombreux projets articulant modernité et histoire littéraire ou œuvres du répertoire, autour de Rabelais, Molière, Pouchkine, Simone de Beauvoir, Jules Verne ou Shakespeare, par exemple. Il y a enfin le désir d’observer ce qui a déjà eu lieu depuis notre arrivée à Colmar : une confiance mutuelle s’est établie entre des artistes et tous nos publics. C’est ainsi une saison bâtie sur des fidélités fortes. Voir revenir Jean-Christophe Folly, Pauline Ringeade, Pierre Maillet, reprendre Kamuyot, Quand j’étais petite je voterai, c’est une manière de reconnaissance collective : l’idée que la Comédie de Colmar n’est pas qu’un lieu de passage entre autres, mais bien un lieu où les rencontres peuvent s’approfondir, entrer dans des notions de durée, de durabilité des œuvres et des rapports qu’elles entretiennent avec les publics. Cela permet de créer des parcours. Des formes d’amitié aussi.

La création est toujours au centre de votre activité. Quel cadeau nous faites-vous cette saison ?

É.C. & M.C. Cette saison nous allons proposer une création grand format pour les familles, l’adaptation d’un roman assez peu connu de Jules Verne : Le Château des Carpathes. Un vrai défi pour la scène ! Ce projet de théâtre musical sera une invitation à plonger dans le romanesque, à découvrir l’univers de la compositrice de jazz Airelle Besson, à se faire surprendre par un scénario palpitant et un décor mystérieux. Notre cadeau cette saison sera donc un voyage théâtral, musical et visuel. Un voyage extraordinaire !

Vos formes théâtrales légères, appelées Courts-circuits, sont désormais un vrai succès. Toujours envie de sillonner les routes et les lieux insolites ?

É.C. & M.C. Oui et plus que jamais ! Le contact avec le public donne tout son sens à notre art. Créer des opportunités de rencontres, des moments inédits, est pour nous une grande source d’inspiration. Nous sommes et voulons être une maison de création, vivante et accessible. Ces formes sont toujours l’occasion de rencontres inattendues et enrichissantes. C’est devenu le cœur des actions de notre service de développement des publics, et cela nous aide à composer, au fur et à mesure, des salles qui ressemblent de plus en plus à la société, au territoire comme ils sont : culturellement riches de leur diversité, intergénérationnels, non formatés. Ce sont tous ces projets aussi qui ont permis, lors de la saison 23-24, un taux de fréquentation record de nos salles, et, par-delà les chiffres, qui fondent l’esprit du lieu : humain, chaleureux, sincère dans ses démarches et ses propositions.

Les tournées de vos créations, le projet Par les villages… Votre rayonnement est très fort. C’est un besoin conjoint, artistique et financier ?

É.C. & M.C. C’est avant tout une très grande joie, une grande source de vitalité, et, disons-le, une forme de fierté collective ! Pour nos équipes d’abord : c’est le fruit et le sens de notre travail quotidien. Nous avons parfois trois ou quatre spectacles qui jouent simultanément dans des villes différentes ! Mais nous y associons également le public de la Comédie. Ces dernières saisons, sa confiance, sa chaleur, sa compréhension de ce qu’est une création théâtrale ne se sont jamais démenties, et nous ont porté·es, accompagné·es ensuite en tournée dans toute la France et au-delà. Nous jouons deux fois plus de spectacles en tournée qu’à Colmar. C’est la belle particularité des CDN : un fort et profond attachement territorial, toujours intimement lié à une large diffusion, un grand rayonnement des œuvres qui y sont créées.

Quelques mots pour débuter cette saison ?

É.C. & M.C. Small Is Beautiful !